FEMME AUX FOYERS

Danielle Baudot Laksine

Tome 1 : De Thrace en Birmanie



Va je ne sais où

Rapporte-moi je ne sais quoi


Un pouce se lève timidement à l’entrée d’une autoroute, une petite Alfa bleu ciel s’arrête, et tout un destin programmé par un définitif “je ne me marierai jamais, pour la peinture” se trouve irrésistiblement entraîné au-delà des frontières, en route pour vingt-cinq années de la vie nomade d’une épouse multinationale.

D’autres tiennent le volant, décident des arrêts mais ces haltes, à odeur de pétrole et parfois de révolutions, s’appellent Grèce, Birmanie, Lybie, Iran, Angola, Afrique du Sud, Nigeria, Hollande ou Indonésie. Il faut à vingt reprises défaire puis reconstruire obstinément, passionnément, “le foyer” mais également, toujours dépaysée, devenir un simple regard qui se promène, une sensibilité qui reçoit de plein fouet…

Au jour du retour, comme la question se pose… Qu’as-tu rapporté, au juste, de ces vingt-cinq années d’errance ? Laissant là, encore une fois, “ma peinture” à peine retrouvée je ne sais, pour chercher la réponse, qu’acheter un cahier, un stylo, et ouvrir ma mémoire…

Danielle


À propos de "Femme aux foyers" (Commentaires de lectrices)

Merci de nous avoir prêté vos mots et votre talent...

Le 8 février 2012 Françoise Maria-Sube


Ce livre n'est pas seulement le témoignage parfois poignant parfois léger d'un vécu hors du commun dans la Grèce et la Birmanie des années soixante, mais surtout la révélation d'une femme auteur sensible, courageuse, poétique, artiste, aimante qui sait aussi envelopper délicatement d'humour les passages les plus sombres.J'ai adoré "traverser l'océan de la piscine en compagnie d'une chenille" et surtout être embarquée à l'improviste dans des voyages à l'intérieur de soi...J'attends impatiemment la suite pour vivre intensément. Merci.

Le 8 mai 2010 Michèle Massot

Histoire peu banale d'une toute jeune femme qui avait décidé de consacrer entièrement sa vie à la peinture. Une rencontre fait basculer sa destinée et elle suivra son mari. Sur les traces des puits de pétrole...
C'était il y a presque un demi-siècle. Un apprentissage imprévu de la vie au cours de pérégrinations qui iront de la Grèce à la Birmanie, en passant par l'Afrique  et l'Indonésie. Autant de foyers multiples jamais tout à fait à soi. Des logements de fonction dont on hérite et que l'on retransmettra deux ans après.
Confrontation à un monde inconnu: gestion des domestiques. D'une part,  il est mal vu de s'en passer (leurs appointements constituent une rentrée indispensable pour plusieurs familles locales); d'autre part,  on se trouve dépendant d'eux dans la mesure où ils détiennent la clef des règles de vie que l'on a pas encore eu le temps de s'assimiler et de décoder (exemple : il faut s'entourer de chats qui se nourrissent des cobras qui rôdent aux alentours du bungalow ...). Description de la vie mondaine que l'on pourrait croire fastidieuse, mais qui s'avère le canal qui permet de pénétrer dans un univers fragile à la merci du moindre soubresaut politique.
À travers la description d'une voisine, Susan, on sent les dangers d'une existence d'épouse organisée exclusivement autour de la vie du conjoint. Une vie de plaisirs qui finit par l'aliéner et la confiner dans un sentiment d'immense solitude et de dépréciation.
Contrairement à Danielle qui, face à chaque expérience, réagit avec une incroyable curiosité créative. Curieuse de tout, elle a le génie des contacts qu'elle noue inlassablement avec la population, fréquentant villageois, officiels et cadres étrangers, peignant, sculptant, écrivant et photographiant.
La lecture de ce volume - annoncé comme le premier d'une longue (?) série – a constitué pour moi une incroyable source d'enrichissement. Comme Danielle l'a rédigé près d'un demi-siècle après avoir vécu les expériences décrites  nous ne nous trouvons plus dans l'événement car nous l'appréhendons avec le recul qu'offre la maturité. Le   « je » personnel du départ est devenu un je collectif car il fait écho à des situations universelles.

Le 19 juillet 2010, Micheline Weinstock